Brad à Paris

Brad à Paris
Brad à Paris mai 2010

samedi 11 juin 2011

L'histoire de la Mikan

  Le texte qui suit est tiré du premier livre de Brad Warner intitulé HardCore Zen.
J'avais lu ce texte sur le blog de Brad avant même de lire son livre et j'avoue qu'il m'avait réellement accroché ! Il représente pour moi une très bonne introduction au style (bien qu'il s'agisse d'une traduction non professionnelle) et surtout à l'approche de Brad Warner, à la manière dont il se positionne lui-même par rapport à la spiritualité en général. 
Bonne lecture ! 


Une fois un type, lecteur de mon site web et qui me reprochait assez fortement mon approche non traditionnelle du bouddhisme, m'envoya un texte de Ken Wilber, écrivain d'ouvrages sur le Bouddhisme, apparemment immensément populaire, bien que je n'ai jamais entendu parlé de lui, en pensant que ce dernier pourrait me remettre les idées en place ; bon. Il me mit au défi de “ mettre en pièces ” les arguments de Wilber, si j'en étais capable.

Dans ce texte nous apprenons que Wilber avait lu une phrase de Ramana Maharshi, un enseignant indien dont la philosophie se rapprochait souvent du Zen bien qu'il n'étudia jamais le Zen. « Ce qui n'est pas présent dans la profondeur du sommeil sans rêve, n'est pas Réel », selon Ramana Maharshi. Cette phrase, dit Wilber, l'a profondément marqué et l'a rendu vraiment sérieux à propos de la méditation.

Wilber raconte ensuite comment il s'est entraîné à être conscient même pendant le sommeil profond. Il se vante d'avoir passé 11 jours d'affilés dans cette condition pendant un retraite dans un monastère. Je ne sais pas pour vous mais pour moi tout ça sonne de manière assez pitoyable.

Si vous faites Zazen suffisamment longtemps, c'est le genre de trucs qui peut se produire. C'est juste une sorte de maladie. L'un des bons effets de tomber malade c'est qu'en vous rétablissant vous réalisez combien votre état normal est appréciable. Un bon enseignant peut vous y encourager. Les mauvais enseignants vous laisseront juste devenir de plus en plus malades. Les pires de tous, écrivent des livres et des livres et des livres pour essayer de justifier à leurs propres yeux en quoi le fait d'être malade est la seule vraie façon d'être en bonne santé.
Il n'y a aucune raison de tellement s'exciter à propos du fait de rester conscient pendant les états de sommeil. Les illusions qui existent pendant la journée ne disparaissent pas quand vous fermez les yeux. En fait, elles deviennent souvent bien pires.

Le problème avec Wilber étant que le malheureux a confondu cet état spécial, cette maladie avec l'Eveil. Tout Eveil qui requiert une sorte d'état mystique est pour le moins inutile. Cela ne fait que renforcer la croyance que votre “ soi ” a une quelconque réalité objective. Qui va avoir cet exaltant état de supra-conscience ? Qui va planer dans cet état sans forme où il n'y plus « ni haut, ni bas, ni ici, ni là-bas » que Wilber se targue d'avoir découvert ? Mais c'est “vous” pardi !

Je n'ai pas honte de dire que lorsque j'ai lu ce texte la première fois, j'ai été pris au jeu. Ken Wilber est un écrivain très persuasif, extrêmement hypnotique, effectivement séduisant. Comme c'est le cas de beaucoup “d'auteurs bouddhistes” sur la place, ces derniers temps.
Lorsque vous vous surprenez vous-mêmes englués dans quelque chose de ce genre, vous devez faire un pas en arrière, respirer un peu et écouter ce que vous dit votre intuition.
Est-ce que le fait de lire ces choses vous permet d'observer votre propre vie réelle, ici et maintenant ? Ou bien est-ce que cela vous aspire dans un fantasme et vous envoie vers des lieux exotiques où vous allez expérimenter de mystérieux et merveilleux états modifiés de conscience - tellement plus élevés que la banale conscience que vous expérimentez juste maintenant ?

Vous vous abusez vous-mêmes depuis un million d'années - des parties de votre cerveau remontent même avant l'époque des êtres humains évolués. Mais une fois que vous avez entraperçu l'équilibre et appris ou était le centre, le coeur, vous pouvez toujours le retrouver. Même s'il se pourrait que vous ne le souhaitiez pas. Il se pourrait même que vous l'évitiez délibérément. Ces 11 jours ont du être une sacrée aventure pour Wilber. Les aventures sont amusantes. Il arrive parfois que vous appreniez quelque chose de valable au cours de l'une d'elle. Mais vous devez toujours rentrer à la maison, vers votre lot quotidien, votre monde terne, morne et ordinaire. Pourquoi cela ? C'est une question très importante. C'est en fait la question la plus importante.

Pourquoi est-ce que votre existence morne et ordinaire est plus importante que ces sensationnels États de Supra-Conscience ? Parce que Dieu vous a choisi comme véhicule à travers lequel expérimenter la mystérieuse sensation d'émincer du choux pour le dîner, la beauté renversante de vous essuyer les fesses après un colis franchement éclaboussant, la merveille consistant à inspirer de l'oxygène et à expirer du gaz carbonique, le fabuleux spectacle de votre linge séchant dans un lavomatique où la radio est restée coincée sur un programme de musique d'ascenseur et qu'une veille dame à l'odeur insistante continue à vous dévisager sans raison apparente. Dieu a exigé que vous soyez vous. Allez donc vous précipiter dans le pays des zombies cosmiques et privez Dieu de ce pour quoi il vous à mis sur cette planète à vos propres risques !

Ce qui est vrai durant le sommeil sans rêve reste vrai que vous soyez capables ou pas de vous souvenir de cette expérience ou encore de l'écrire. Ce qui est vrai dans un bordel de Bangkok reste vrai que vous le visitiez et preniez des Polaroids ou pas. Ce qui est vrai pour une créature à six pattes sur la cinquième planète tournant autour d'Epsilon du Centaure est vrai que vous y alliez la prendre en vidéo ou pas. Vous ne saurez peut-être jamais quel genre de vie mène votre brosse à dents quand vous n'êtes pas là. Mais je parie que c'est vachement excitant.

Il y a une bonne raison pour laquelle ce texte a eu un tel effet sur moi et pour laquelle je passe tellement de temps dans ce livre à m'acharner dessus. Cela me renvoie à une de mes propres expériences qui fut très importante dans le sens où elle me permit de clarifier un des points le plus vital de l'enseignement bouddhiste.

Environ un an après mon expérience près de la rivière Sengawa ( dans le chapitre “ Ne Vous Inquiétez Pas Cela Viendra... Avec L'Eveil ” NDT),* j'ai commencé à avoir des expériences très étranges durant mon sommeil, très semblables à celles de Ken Wilber. J'ai couché par écrit la première d'entre elles quelques heures après qu'elle survint.

« Je me suis réveillé ce matin à environ 3 ou 4h. Je me lève habituellement entre 6h00 et 6h30, c'était donc inhabituel. Il pleuvait fort et le bruit avait du me réveiller. Il y avait cette sensation étrange ensuite, comme un gigantesque espace ouvert. J'avais l'impression qu'il n'y avait absolument personne dans la pièce. Pas même moi ou ma femme. Aucun individu. Je ne pouvais pas comprendre cette sensation donc je me suis levé pour être sûr d'être réellement éveillé. Je pensais que j'étais peut être malade ou quelque chose comme ça. Mais ce n'était pas déplaisant du tout. J'avais besoin d'aller aux toilettes et donc j'y suis allé. Ensuite je suis retourné au lit. La sensation finit par s'évanouir lentement. Je me réveillai de nouveau avec la sonnerie de 6h30, la sensation avait disparu. »

Je ne sais plus exactement combien de nuits plus tard la grande secousse me percuta. Peut-être une quinzaine. Cela commença par l'arrivée de la pleine conscience pendant le sommeil profond. Ce n'était pas un rêve lucide. J'en avais eu déjà suffisamment pour vraiment savoir faire la différence. C'était quelque chose de complètement différent. J'étais en fait conscient de ce profond sommeil sans rêve comme un état ouvert et sans forme. Au fait, c'était des années avant que je ne lise l'article de Wilber.

Vraiment planant vous croyez pas ? Oh, mais ça devient encore mieux ensuite. Je me suis retrouvé en train de surveiller l'univers tout entier tout comme Dieu Lui-Même le ferait. Je pouvais percevoir la totalité d'un seul coup. Je ne dis pas que je l'ai “vu”, je n'avais pas l'impression d'avoir des yeux ou quelque corps que ce soit. Ou plutôt, l'Univers lui-même était devenu mon corps et mon esprit. Je percevais des amas de galaxies et la formation d'immenses étoiles, aussi bien que je vois mes propres bras ou mes jambes en tant normal. Ou quelque chose comme ça. C'est impossible à décrire.

L'Univers se développait devant moi. J'étais conscient que des millions d'années étaient en train de s'écouler cependant elles ne représentaient que de simples secondes pour moi. A nouveau, toute description est impossible. J'ai vu l'Univers s'assembler. D'abord une planète devint unifiée en un seul être. Pas seulement les espèces intelligentes, les gens, mais toutes les formes de vie sur la planète et finalement la planète elle-même. Cela se répandit à travers le système solaire de la planète puis aux systèmes solaires voisins.
Pendant ce temps la même chose se produisait dans de nombreux autres endroits de l'Univers à des millions d'années lumière. Les sections unifiées se rencontrèrent progressivement et devinrent de plus en plus grandes. Finalement l'Univers tout entier n'était plus formé que de deux “êtres” composés par la matière et l'espace combinés par un milliard, un trilliard de galaxies Godziliènes ® ( Brad Warner fait ici référence au célèbre monstre de série TV : Godzilla, NDT).

Les deux êtres se tenaient en face l'un de de l'autre et j'étais à présent l'un deux, me sentant exactement comme lorsque je suis face à ma femme. Et nous nous sommes fondus l'un dans l'autre. L'Univers entier, étiré dans un temps et un espace infini, était à présent un seul et même être unifié. Nulle tension. Nulle peur. Nulle compétition. Mais l'Univers était vide. Il n'y avait personne à qui parler. Personne avec qui partager son expérience. Alors cela s'est à nouveau divisé en deux, puis en quatre, six, huit et ainsi de suite, sur une période de milliards de milliards de siècles nous étions revenus à la multiplicité infinie des créatures individuelles. A ce stade je me suis senti à nouveau rejeté à l'intérieur de mon propre corps. J'ouvris les yeux et j'étais dans mon lit.

Il est difficile de transmettre la véritable valeur de cette vision. En le relisant aujourd'hui cela sonne juste comme une histoire de science fiction passablement boiteuse. Mais à l'époque où cela s'est passé je n'avais absolument pas l'impression que c'était un rêve ou que j''avais imaginé avoir vécu à travers d’innombrables siècles en une seule nuit. C'était absolument, incroyablement réel pour moi. Aussi réel que n'importe quelle autre expérience jamais vécue dans mon existence.

Contrairement à ce qui s'était passé après celle de la Rivière Sengawa, cette expérience me laissa vraiment dans un état d'hébétude. Il était difficile de me concentrer sur des tâches triviales alors que j'avais vu l'histoire de l'Univers entier du point de vue de Dieu Lui-Même.

Je n'étais pas sûr de savoir quoi faire de ce qu'il s'était passé. Au cours de toutes les causerie de Nishijima ou de Tim auxquelles j'avais assisté, ils n'avaient jamais rien décrit de tel que se fondre dans l'esprit de Dieu au fin fond de l'Univers. Pourtant, j'étais certain que l'expérience avait été réelle.

J'ai finalement craqué et j'ai décidé de le raconter à Nishijima. Fort heureusement, certains événements ont fait que je ne pouvais pas le voir en tête à tête juste à ce moment là. Je lui ai donc envoyé un e-mail lui décrivant tout en détails à la minute près. Je ne sais ce que j'espérais entendre de lui en retour. Peut-être un paternel : « Oui mon fils tu a percé le secret. Mais à présent tu ne dois jamais en parler aux autres. Ils ne doivent apprendre ce genre de choses qu'à condition d'être vraiment près. »

Ce n'est pas ce qu'il m'a dit.

Il m'envoya un e-mail le jour suivant disant que ce que j'avais expérimenté n'était qu'une fantaisie. Cela ne deviendrait « jamais vrai même dans le futur ». Il ajouta par ailleurs que quelqu'un comme moi qui travaillait dans le cinéma d'animation se devait d'être plus réaliste.

J'étais anéanti. Pourquoi n'avait-il pas compris ? Ce n'était pas une fable. C'était vrai ! Cela n'avait rien à voir avec le fait de travailler dans le cinéma d'animation (ce qui n'est même pas mon cas mais ce n'est pas la question ici). C'était sérieux et intensément profond. Enfin quoi ! Se fondre dans l'Esprit de Dieu ? Comment être plus pénétrant et plus profond ?

J'ai presque pleuré en lisant son message. Je suis sûr que s'il me l'avait dit en face je me serais effondré. Dieu merci il y avait ce petit écran de verre entre nous. J'ai passé toute la matinée en me sentant juste désolé et confus. C'était un immense abattement. Rien n'aurait pu être pire.

Mais à mesure que la journée avançait, je commençais à remarquer deux ou trois choses que j'avais été trop stupide pour piger ces dernières semaines. Notamment que, si l'Eveil est réel, personne ne peut jamais vous l'enlever. L'Eveil signifie manifester vraiment ce que vous êtes réellement à chaque instant. Aucune salve de critiques de qui que ce soit ne peut le faire disparaître pas plus que des paroles acerbes ne pourraient par une quelconque magie faire disparaître votre nez. Personne ne peut vous enlever à vous-mêmes.

Ma grande expérience de fusion avec l'esprit de Dieu (et remarquez que je suis encore tellement dans l'illusion que je refuse de la prendre pour ce qu'elle était réellement, un  rêve élaboré), bien que profonde et bouleversante, appartenait au passé. Ce n'était ni ici, ni maintenant. En fait, le souvenir en était si puissant qu'il occultait mon expérience réelle de l'ici et maintenant. J'étais en train de sacrifier mon existence quotidienne réelle pour un rêve. Que j'ai réellement expérimenté la fin de l'Univers ou non était complètement hors de propos. Ça n'avait pas d'importance juste maintenant parce que juste maintenant ce n'était pas ce que j'étais en train de vivre. J'étais en train d'expérimenter le fait d'être un type, anciennement exalté, assis à son bureau à Tokyo en train de s'apitoyer sur lui-même.
Ce qui arriva cette nuit là était parti. Parti comme le jour où je recevais les préceptes bouddhistes, parti comme le jour où j'entendis pour la première fois le sutra du Coeur, parti comme chaque concert que j'avais pu jouer avec les Zero Defex, parti comme mon premier rendez-vous galant, parti comme mon enfance à Nairobi. Parti, parti, parti, et ne reviendra jamais quelle que soit la force de mon souhait.

Cet instant - juste maintenant - ne reviendra jamais. Retenez bien ça. Expérimentez le pleinement.
Au moment du déjeuner, j'étais en train de mijoter sur le mail de Nishijima depuis quelques heures quand je me sentis comme condamné à me traîner encore pendant le reste de ma petite vie terne.

Mais il y avait quelque chose d'autre. Je savais que ma vie n'était pas du tout si mal que ça. C'était une belle chose. Une chose délicate et précieuse. Il y a peut-être un million de diamants dans le monde. Si vous en perdez un, vous pouvez travailler dur, gagner beaucoup d'argent et vous en racheter un pour le remplacer. Mais les instants de votre vie ne sont pas comme ça. Une fois qu'il sont partis, ils ne reviennent jamais. Chacun d'entre eux est la chose la plus précieuse de l'existence. Vous ne pouvez jamais comparer votre vie avec celle de quelqu'un d'autre. Peu importe combien ils sont riches, peu importe combien ils paraissent heureux, peu importe combien de nanas ils ont eu, ils ne peuvent jamais être vous. Jamais de la vie. Il n'y a que vous qui puissiez vivre votre vie.

Ce jour là ma femme m'avait donné une mikan pour le déjeuner, c'est une sorte de mandarine japonaise. Je me suis donc assis à mon bureau pour l'éplucher. Alors que je regardais le fruit se libérer de son écorce je fus stupéfait de voir combien c'était beau. C'était une mandarine. Parfaite en elle même. La couleur orange me sauta aux yeux, comme si elle rayonnait de l'intérieur, plus brillante qu'un néon. L'intensité de cette beauté en était presque douloureuse. J'ai eu des visions splendides dans ma vie ; le levé du jour sur le Pacifique depuis la rive occidentale de l'île Maui, le mont Kilimanjaro surplombant la plaine tandis qu'au premier plan éléphants et girafes se promenaient en flânant, l'ancienne et tranquille dignité du temple de Tokei-in. Mais à cet instant rien n'était comparable à cette petite mandarine entre mes mains. Je ressentis une grande gratitude pour le simple fait d'être moi-même, le simple fait d'être assis à mon bureau, d'être capable d'apprécier cette mandarine. Personne d'autre ne gouterait jamais cette mandarine.

De retour à la maison j'envoyais un autre message à Nishijima en lui parlant de cette mandarine tout en le remerciant de m'avoir remis les pieds sur terre. Le jour suivant je reçu sa réponse. Manger une mandarine est le véritable éveil. C'était quelque chose qu'il n'avait vraiment pas besoin de dire. Cependant j'étais content qu'il l'ai fait.

Je ressens de la peine pour Ken Wilber et d'autres comme lui. Vraiment. Peut-être ne devrais-je pas, étant donné qu'il est riche et célèbre. Mais soit il n'a jamais eu de maître pour lui dire la vérité, soit il a plutôt choisi de s'enfermer dans ses propres fantasmes. En même temps je comprends sa situation. J'aurais facilement pu échouer dans la même trajectoire que lui. Il aurait suffit que Nishijima valide mon expérience et j'aurais été complètement emporté. J'aurais pu y rester des années, j'en suis sûr. J'aurais pu aussi décider de suivre ma première réaction à la lecture du message de Nishijima et rejeter ce qu'il me disait. J'aurais pu décidé qu'il était de toute évidence moins éveillé que je ne l'avais cru. Je n'aurais eu aucune difficulté à trouver un autre enseignant pour valider mon expérience.
Mais je ne pouvais faire aucune de ces choses car j'étais convaincu. Je suis sûr que Wilber l'ai aussi en son for intérieur. Quand vous êtes convaincus mais que vous décidez de tourner le dos à la vérité, c'est un vrai manque d'honnêteté. C'est une chose terrifiante que d'être absolument honnête avec soi-même.
Cela veut dire que vous n'avez plus aucune échappatoire. Vous devez abandonner toute possibilité de vous cacher à nouveau. Vous devez accepter la réalité, c'est à dire le fait de ne pouvoir compter finalement et réellement que sur vous-mêmes. La meilleure chose qui puisse arriver dans votre vie c'est de rencontrer un enseignant qui fera voler tous vos rêves en éclats, qui brisera tous vos espoirs, qui vous arrachera votre nounours des bras et le balancera du haut d'une falaise.
Pourquoi se fait-il que nous préférions sur-imposer nos propres fantaisies à notre vie réelle ? C'est une question extrêmement importante. Si tel grand “être réalisé” nous dit comment est sa vie, pourquoi n'y aspirerions nous-pas ? Quelle est la différence entre Willber nous disant qu'il plane à jamais dans la mer du « ni hauts, ni bas », et moi racontant l'expérience de la rivière Sengawa ou mon assertion sur le fait qu'il n'existe réellement aucun “soi” ?

Si vous voulez connaître les réponses à ces questions, vous devez examiner de très près et avec beaucoup d'honnêteté votre propre vie.

Les gens sont tous les mêmes. Ce n'est pas juste le fait que nous ayons tous deux mains, deux pieds et un trou de balle. Nos cerveaux sont tous semblables d'une manière très profonde. Ce qui attire quelqu'un a de bonnes chances d'attirer à un certain degré à peu près n'importe qui d'autre. Certains rêves sont universels et vraiment irrésistibles. Ils sont un peu comme les Coca Colas de notre imaginaire, des saveurs tellement communes qu'il est difficile de trouver quelqu'un qui ne les aime pas au moins un peu.

Cet imaginaire commun de l'être humain demeure en nous depuis les origines de notre espèce. Les histoires qui vont puiser dans cet imaginaire ont un pouvoir extraordinaire. Mais la vérité est plus puissante.

Donc la question devient, comment savons nous ce qui relève du rêve et ce qui relève de la vérité ? La réponse vous regarde droit dans les yeux. Juste maintenant. Jeter un oeil à l'endroit où vous êtes, à qui vous êtes, juste ici et juste maintenant. C'est la vérité.
Votre vie est belle ici et maintenant. Tout ce dont vous avez vraiment besoin se trouve juste en face de vous. Est-ce que vous allez mourir un jour ? Bien sûr. Allez-vous renaître ? Aller au Paradis ? En Enfer ? Comment le saurais-je ? Cela n'a aucune importance. Cela n'en a vraiment, vraiment aucune. La vie que vous êtes en train de vivre juste maintenant est la seule chose qui compte réellement.


* Du livre Hardcore Zen